Début 2009, Un break new yorkais. Près de 3 mois d'un quotidien différent. A lucky break, indeed! et le retour...........

lundi 6 avril 2009

Freaks, Hot Dogs and Nostalgia: Coney Island



Dimanche 5 avril, dernier soleil sur les prévisions à 10 jours de weather.com : direction Coney Island, la plage, l'air.
Mille autres choses étaient au rendez-vous. Mille détails, mille écailles dans les peintures des enseignes, mille cabosses sur les manèges, mille planches fendues sur la promenades, mais autant de milliers de reflets qui ont éclipsé ce dernier soleil.


J'ai passé cette journée comme dans un livre. Maître de mon rythme, mais guidée avec science. La science d'une vieille dame qui tente de garder des allures de jeune fille en échappant (par quel miracle?) au ridicule et à l’apitoiement.
C'est un petit joyau. Une exception.


A 50mn de Manhattan par le metro, au sud de Brooklyn: une ville entre 2, entre 2 époques, entre ville et plage, entre fête et commerce, entre abandon et vitalité.
Les peintures murales ont la gaité et la beauté des peintures africaines, faussement naïves, vraiment touchantes et généreuses. Les sirènes sont légions. Elles sont un peu l'emblème de coney island. Le défilé des sirènes avec l'élection de sa reine de beauté et de son poséidon (ou neptune... I forgot) marque le début de l'été - que ce soit ou pas de 21 juin.


La fête foraine avec les manèges, la grande roue, l'automate Grand'ma qui distribue des cartes de prédictions pour 1 quarter, le bras de fer, les stands de steeple-chase, de pistolets à eau : tout dans cette fête appelle un sourire au premier abord, et très vite, parce que c'est simple, appelle juste la fête.
Grand'ma m'a promis un avenir radieux. Alors, j'évite tout de même le grand 8 en bois, le fameux Cyclone que l'on a vu dans tant de films. Grand'ma n'est peut-être pas fiable à 100% (ce qui n'est pas le cas des hauts le coeur et peurs des chutes dans le vide, qui eux, me sont promis sans aucune hésitation possible). J'évite donc le cyclone et me lance sur la grande roue avec, petite extravagance, lançons-nous, une nacelle qui swing (à peine le souffle suspendu, très loin des apnées hurlantes du grand 8).
Sortie de la fête, promenade le long de la plage.
Le groupe des "polar bears" se baigne, et c'est passablement marbré que tout ce petit monde rejoint la terrasse d'un des bars de plage. Celui-là même où je déjeune, boudant (quelle chance) le parrain des hot dogs, le fameux, l'incontournable, le redoutable, le calorigrandiloquantesque Nathan's.
Mes collègues de terrasse sont vraiment sympas. Tout le monde se connaît ou presque (moi par exemple... je fais un peu fève dans le gateau). Ca rit, apostrophe, bâche, s'embrasse. Je dois avoir une bonne tête et un regard sur eux qui leur va, car j'ai droit à des sourires d'abord et des échanges ensuite. Vraiment gentils. Les femmes sont en maillot tout coups de soleil dehors, les hommes sont torse nu, ce qui me donne un aperçu des tatouages. On est loin des peintures faussement tribales et esthétisantes des torses épilés de nos adonis des littorals. C'est du vrai tatouage avec plein de dessins et des messages. Ce sont des torses normaux, avec tout l'éventail des poignées d'amour (c'est tout ce que je leur souhaite), à la franche bedaine qui circonflexe dans le dos.
Un me fait rire, et le tatoué en rit aussi, reconnaissant qu’il a fait là une belle connerie, "but 'it's to late, and my mother love it!". Il a un cercle comme un soleil assez large autour du nombril, avec made in NYC et 1963 d'écrit. Très loin des faux maori et autres idéogrammes. Dans le dur !
Dans le dur et dans l'esprit de Coney Island.
Les tatoueurs faisaient partie des stands des foires. Juste à côté des bars à bière. Ceci expliquant certainement cela. Ce que me valide mon « made in » qui était bien complètement cuit quand il s’est fait estampiler.

Autre monument: le freaks show.
Le film freaks m'a toujours fasciné. La femme à barbe, le plus petit homme du monde, la femme tronc, les siamoises dansantes, l'avaleur de sabre, le mangeur de verres, l'homme lézard... le fantasme au 15ème degré, l'humour à la frontière de la frousse bleue, la curiosité malsaine au bord du déni. Le bâtiment est un vrai catalogue de bonimenteur, une leçon de genre.
Malheureusement le show est encore fermé. je dois me contenter des peintures, du film du musée (musée génial), de photos et d'affiches, et de l'équipe du gift shop et du bar: tatouée, piercée, et tout aussi gentille que les tatoués nageurs, les sirènes des bars sans écaille, et autres dragueurs des planches.
J'ai un mal de chien à prendre le métro du retour.

Finalement je m'y résous. Et comme la journée est encore belle arrivée à Manhattan, je file au park, au spot des rollers, pour profiter de la dernière heure. Encore une heure.L'après-midi ici aussi a été magistrale et j'arrive un peu au paroxysme de la fête. Je retrouve mes fétiches: le vieux cubain, la patineuse chorégraphique, Goliath et tous ses abdos, la latino caliente, etc etc. Il y en a même une nouvelle, directement baptisée Falbala, certainement la plus gracieuse hulla hoopeuse de NYC.
Okay, il n’est certainement pas cubain, la latino est une « fille bien », Goliath a de vrais abdos mais aime les pancakes, et Falbala a peut-être la voix pointue et nasillarde si désagréable de certaines new yorkaises. J’ai tout inventé autour de ces surnoms, c’est comme cela qu’ils me sont devenus familiers. Mais merde, ils vont me manquer ces moments de folies contagieuses et directes.
Je traîne dans les rues encore douces de la chaleur de l'après-midi. Le jour passe. La nuit se lève derrière les néons. Je marche encore. I feel full, I feel blue. Je m'engueule de sabrer cette journée avec mes états d'âme de sentimentale à 2 pences.
Je retombe presque par hasard sur un restau de sushi déjà pratiqué. Un sushi bar agréable, des prix qui vont bien et on a le droit de rester décontracté. Je me régale de sashimi d'une fraîcheur et d'un goût parfaits. Derrière le bar, le travail de coupe et de préparation des sushi a un pouvoir hyptnotisant.
Un verre de chardonnay là-dessus et la petite boule qui s'était logée dans ma gorge finit par prendre un peu de légèreté. Très doucement elle prend même des allures de boules à miroirs, de boule de bal.

Mais elle est toujours là cette boule, avec ses miroirs, qui tourne doucement dans la gorge sur le ferry du retour. Et ce matin, elle tournait encore.

Kisses

PS: En cadeau , une petite vidéo faite, rien que pour vous, avec mes photos de coney island (ne cherchez pas le tatoué, je ne l'ai pas photographié) et pour vous accompagner en musique Etta James.
D'autres photos toujours sur facebook: les liens sont en haut pour y accéder directement.












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