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Un des aspects de ce séjour, jusqu'à maintenant, est l'écart des températures et la notion de feels like. Tous les 10 jours, il y a un écart entre 15 et 20 degrés dans un sens puis dans l'autre.
Donc, lundi 3 réveil avec 30 cm de neige, mardi 4 froid polaire -9°C feels like -19°C (et je vous assure que ça feelait bien les -19°C), et samedi ... 16°C feels like 30° si j'en crois l'ambiance à central park.
Samedi c'était le printemps avant le printemps : un jour cadeau !
Central park, le WE, c'est déjà un peu les vacances. Chacun y va pour se
détendre et profiter de cet endroit magnifique, qu'il soit coureur, marcheur, skateur, pousse-poussetteur, dragueur, ou encore bencheur (squatteur de banc)... ou bien encore tout ce qu'il a envie d'être car, dans ce park encore plus qu'ailleurs, chacun peut bien faire ce qu'il lui plait, dans la tenue qui lui convient.

Le WE, moi, j'ai un "spot" que je ne manque pas. Il s'agit du rendez-vous des rollers, sur le Mall à deux pas de la fontaine Bethesda. C'est un espace libre, délimité selon l'affluence, avec dans son centre une sono qui balance de la walk-funky aussi gaie et embarquante que Maceo Parker.
Les seules constantes d'un WE à l'autre sont la musique, quelques habitués et des gens juste heureux à cet instant là.
L'effet de ces premières chaleurs, le fait que l'on sache que ce n'est encore que provisoire (d'ailleurs 3 jours après il fait 5 et il est prévu que ça baisse encore), Samedi donc c'était la fête.
Les rollers étaient plus nombreux, des gens sans roulette sont venus les rejoindre pour danser soit avec eux, soit à côté. Des touristes, des vieux, des jeunes, des qui ont le sens du rythme et des pieds plombés, des souriants et des hilares, des habillés et des torses nus, des colorés et des diaphanes, des gens qui vous communiquent du plaisir spontanément et des gens spontanément heureux.
Il y avait ma rolleuse de plus de 60 ans avec sa choré
graphie de patineu
se artistique égarée sur
un dance floor.



Il y avait un géant, le torse taillé comme un goliath, un pantalon sarouel multicolors improbable, un génie échappé de je ne sais quel spotlight afro-oriental, et qui avançait comme au ralenti avec des trucs en équilibre sur la tête, et faisait rouler ses abdos en rythme ...
(j'ai pris le temps d'attendre au moins deux morceaux pour vérifier qu'il avait vraiment le sens du rythme, par pur soucis d'exactitude mal placé).
Il y avait aussi, un échappé de buena vista social club, une des vedettes locales visiblement, un grand-père à l'allure cubaine qui a dansé avec toutes les touristes de moins de 30 ans à portée de main. 



Deux femmes mûres aux visages magnifiques, avec des ports de reines, qui dansaient comme des biches.
Une latino sur roulettes, incandescente qui a redonné du rouge aux joues à toute l'assistance masculine un peu pâlotte à la sortie de l'hiver.
Il y avait tant
de gens, de belles expressions, de mouvements, de rires et de musiques ... comme il est difficile de le retranscrire pour vous.

Le WE prochain, il devrait faire beau ... peut être y serai-je encore sur le mall, à chaparder, à partager ces moments de légèreté souriante et dansante.
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Autres figuras :
J'ai revu avec plaisir mon grand père clouté,


J'ai vu aussi, deux blacks arrivés en vélo, dont un très rocker des années 60, en grande discussion, ce qui était visiblement leur occupation de l'après-midi.
Et puis, je me décolle de mon spot et je continue mon chemin.
Et là, je vous
assure que ce n'est pas rien quand on a gardé en tête le central park recouvert de neige d'il y a quelques jours. Quand je continue, arrivée au lac : des barques par dizaines, cabotage et cabotinage à l'ombre des immeubles. Je vous le dis, le printemps avant le printemps !

Un pêcheur, pas de ces pêcheurs devant l'éternel (rien d'exceptionnel à en croiser un ...), mais un pêcheur avec moulinet, épuisette et petits plombs. Certainement rentré bredouille, mais certainement aussi très apaisé après cet après-midi au bord de l'eau à l'écart des promeneurs (mais sans pour autant échapper à mon oeil!).
A Cherry Hill, toujours dans central park, quelques amateurs d
e cerfs volants q
ui se donnent de la peine... vraiment.


Un gosse qui reste scotché devant ces couleurs qui volent dans le ciel.
C'est charmant. Je suis plus sur une petite sonate que sur le Maceo Parker d'il y a quelques heures.
La lumière devient rasante. Magnifiante. J'adore cette lumière de fin de journée.
Je regarde avec tendresse deux vieilles amies sur banc, deux vieux amis u
n peu plus loin (un
d'eux vient juste de demander à une jeune fille, qui n'arrivait pas à faire arrêter son chien d'aboyer, d'aller plus loin, car "on vient au parc pour être au calme, pas pour se faire casser les oreilles" ... et notre râleur, mais courtois, de rallonger ses jambes et de continuer sa conversation).


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Et j'allais oublier! J'ai aussi croisé le fils caché de Peter Pan et d'une tortue ninja - apparition génialement puérile.
Encore un sourire.
Et des boxers, et un père qui entraîne sa fille au base ball, et ...
Mais central park, n'est pas le seul endroit où tout peut arriver.
Le metro aussi réserve de beaux "flashs".
Il est tard, un autre jour, et en jetant un oeil sur le quai d'en face j'aperçois un homme avec une guitare et une allure qui retient mon regard.
Je le suis des yeux, et finalement avance sur le quai pour ne pas le perdre de vue.
Je leur souris de l'autre côté des rails, leur montre l'appareil et leur demande par geste si ils sont OK pour une photo. En signe d'accord, ils prennent tous les 3 la pause, magnifiques. Ils attendent que je regarde le résultat. Je dois recommencer deux fois car, avec cet éclairage, les photos sont floues. On échange par geste. La dernière que semble aller. Je fais le signe de la main, avec le pouce, pour dire que c'est bon. Ils me font un accord de guitare à trois, un signe d'au revoir de la main, et leur métro arrive. Des moments comme cela sont presque irréels, paraissent imaginaires... ma photo, finalement encore un peu ratée, me rassure sur ma capacité à faire la part des choses !
Que vous raconter d'autre ...
Vous dire qu'il y a parfois des rues qui avec les effets de couleurs et les décrochages de hauteur vous font penser à des villes toscanes, à Sienne par exemple, revisitée par Buffet.
Qu'il y a des murs publicitaires peints, encore là par hasard, magnifiques.
Vous faire entendre la chanson entonnée à tue-tête (que cette expression a du sens!), par un tout petit homme échappé d'un bar plus surement qu'il ne le serait d'un conte fantastique, mais il en a l'allure.
Vous faire sentir le regard affectueux, la tendresse, que vous ne pouvez pas ne pas avoir en voyant, à la sortie du ferry, côté manhattan, un homme qui donne à manger aux mouettes. 
Vous sentez pourtant, à quelques signes légers, qu'il n'a peut-être pas, à cette heure de la journée, de garantie de manger lui-même le soir.
Mais, pour vous comme pour lui, maintenant, c'est le roi des oiseaux.
Et puis le soir, se retrouver avec des amis dans une boite de jazz, le Smoke.
Petite, craquelée et vermillonne. Le soir venu donc, partir dans les lignes et les courb
es des impros, gouter les couleurs de chaque set, être absorbée. La soirée est construite autour d'un hommage à Miles Davis. Les musiciens sont exceptionnels. Jimmy Cobb, son batteur, Eddy Henderson à la trompette, aux sax Vincent Herrin et Javon Jackson (que j'ai adoré, fin, smooth), Larry Willis au piano et John Weber à la contrebasse. Je suis amateur, pas connaisseuse. Mais ces quelques noms parleront certainement à certains. Pour les autres, comme moi: ces 6 musiciens étaient superbes, avec cette capacité des jazzmen d'être en parfaite harmonie ensemble et de chacun,
séparément, donner à leur set une couleur et une distinction très personnelle. Ils étaient visiblement heureux, brillants, cools, détendus. La musique était limpide, lumineuse. A la fin du set, la salle est petite, vous les croisez forcément au comptoir.
Voila, je pourrais aussi vous dire que je suis bloquée depuis 2 jours à Staten, la hanche gauche en rebellion, que j'enrage, mais que finalement cet article m'a permis aussi de profiter à nouveau, de regouter à ces moments... aujourd'hui je peux marcher sans trop de grimaces: demain sera forcément mieux!
Enjoy man, good job!
Et puis... depuis qu'est-ce qu'il se passe? Parce que là ton post date de plus d'une semaine! Ta hanche est remise? La St Patrick fut éprouvante? Il fait chaud? Bref, raconte!
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Mathilde
PS moi fait toujours froid (mais je peux sortir sans gants! On se réjouit de peu parfois), j'ai pas mal nulle part et oui la je me remets de moins en moins des soirées arrosées.
Je t'embrasse
Ah puis aussi, je l'ai pas dit mais tu racontes bien!
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