Début 2009, Un break new yorkais. Près de 3 mois d'un quotidien différent. A lucky break, indeed! et le retour...........

vendredi 27 mars 2009

Knicks 102 - Magic 106 - fans +1

Lundi 23, direction Madison Square Garden pour le match de basket entre les Knicks de NYC et les Magic d'Orlando. Je n'ai jamais assisté à un match pro et pour une première je suis plutôt gâtée! Ce serait comme un 1er opéra à Milan, tenter la plongée aux Maldives, esquisser un tango à Buenos Aires ou aborder l'art du rond point place de l'étoile.
Après un après-midi entre filles, à shopper et discuter autour d'un thé, nous nous retrouvons devant le Madison Square Garden. Un monde fou, et toujours aussi mélangé - poussettes comprises ! Le filtrage à l'entrée est on ne peut plus efficace. On se repère très facilement à l'intérieur et moins de 10mn après être entrés nous sommes à nos places : en haut - au centre. Nous avons une vue complète. Le stade est plein. A côté de nous, une bande de copains se tasse pour rester groupés. Vu les gabarits, s'asseoir à 7 sur 6 sièges, c'est déjà une première victoire au crédit de NYC.
Coup d’œil sur le parquet : les équipes s’échauffent. Les spectateurs finissent de s’installer. Au final, autant dire que l’installation ne finit jamais car c’est un mouvement permanent de va et vient, d’arrivées et de départs, mais toujours avec « sorry » / « you’re welcome », y compris nos 7 lascars.
On me fait un rapide topo : les knicks sont en blanc, les magic en bleu, la partie se joue en 4 fois 12 minutes, les points se marquent par 1, 2 ou 3, tout le match se joue sur le 3e et 4e set.
Après un hymne entonné par une célébrité locale à la voix de stentor et une minute de silence pour j’ai oublié qui, c’est la présentation des danseuses (pompom sans pompons), des acrobates et des équipes. Et là, aucun doute permis, le public est new yorkais … le fair play n’est pas franchement de mise. D’ailleurs, ce n’est pas que le public, c’est également l’animation qui est pro-Knicks : quand ils marquent un panier musique pour les Knicks, rien pour les visiteurs, quand ils sont attaqués, affichage en grand sur les écrans de « De-fense » également scandé au micro et repris par le public et … rien pour les magic, quand le score devient serré ou s’inverse, encouragement pour les knicks et toujours rien pour les adversaires. Au moins cela a le mérite d’être clair et le public se lâche, plutôt bon enfant. Cela me rappelle un peu les corridas, plus on est haut moins les places sont chères et plus souvent le public est connaisseur, expressif, maniela formule qui fait mouche, ainsi que l’humour vachard et imagé.
A ma gauche, de l’autre côté de l’allée un petit groupe de supporters des magics est là et l’ambiance monte d’un cran.
Le premier set se passe sans étincelle et c’est la 1ère coupure. Les danseuses arrivent : des bras, des jambes, des cheveux qui s’agitent, des sourires qui font « gibbs » jusqu’au dernier rang et le reste moulé serré. Elles ont quelques minutes et aucune n’est perdue : respect !
Les acrobates surgissent, et là ça part de tous les côtés, fulgurants, sous les cris tout aussi spontanés du public.
Et le 2e set démarre. Ca s’agite un peu. Robinson rejoint les knicks sur le terrain. Il parait petit à côté des autres… une impression toute relative. C’est une bombe et il a une détente impressionnante. Le public commence à se concentrer sur le match vers la fin du set entre 2 pop corns, une gorgée de soda ou de bière, un hot dog… il y a aussi des pizzas, des barbes a papa, du café – le ventre du supporter ne sera pas vide et sa gorge ne sera pas sèche, qu’on se le dise !
La mi-temps arrive. Là, cérémonie exceptionnelle : remise des trophées d’honneur à des légendes des knicks, 1 par décennie. Les joueurs distingués sont présentés sur les écrans géants du temps de leur gloire, avec un commentaire fait par un speacker dans les mêmes intonations qu’un lancement de match de boxe. Ensuite, le joueur sort de l’ombre dans une musique assourdissante et sous les applaudissements du public. Le dernier joueur est maintenant dans le staff d’entraînement des magic, les adversaires du jour, mais il est accueilli sous un tonnerre de cris et de bravos. Le public lui appartient encore à cette gloire des 90’s.
Et, passé ce moment d’émotion, la foire recommence : danseuses, acrobates, distribution de pubs et jeux. Une fille qui doit marquer des paniers de plus en plus loin : 100 dollars par pallier et au 5e un abonnement + téléphone gratuit en prime – elle partira avec 400 dollars. Des lancements de pubs avec un « lance-pub » très comparable à un lance pierres XXL. Deux gamins qui s’affrontent à wear and drible : ils enfilent des fringues de joueurs, en avançant, et doivent dribler en même temps. Vu la taille, pas évident d’avancer sans se prendre les pieds dans le short !
3e set : nouveauté, quand les magic vont pour marquer un panier tout le public de ce côté a des grandes frites blanches gonflables qu’ils agitent et tapent l’une contre l’autre pour déconcentrer les lanceurs… je vous l’avais dit, pas de faux semblant et pas de fair play, on est à NYC dans l’antre des knicks !
Et le match continue – on crie « De-Fense » , on applaudit, la musique est omni présente. On craque finalement pour une bière pression (rousse irlandaise et blonde hollandaise) et des pop corns.
On est en plein dans le match ! Un grand black est filmé en train de danser dans les allées et déclenche les rires et « Yo !Yeh ! Man !» dans les gradins, forcément ça ne le calme pas – ni lui, ni ses supporters.
Le dernier set dure un temps fou : la dernière minute dure près de 20 minutes et s’achève sur une défaite des knicks.Le public sort un peu morose, le groupe à ma gauche est pété de rire et met en boite tout ce qu’il croise. Ca se bâche et les réparties fusent !
Je retrouve une partie de cette foule dans le métro, puis dans le ferry. La morosité de la défaite est de courte durée !

Donc c’était lundi ce match. Après un WE toujours délicieux entre amis avec notamment un tour à Ellis Island et sur la statue de la liberté. Le temps était parfait pour cette balade.
La dame verte est assez belle, et Ellis Island est une visite particulière et prenante si on prend le temps d’imaginer chacun de ces 12 millions d’arrivants. Chacun y va avec sa sensibilité, ses échos. Alors, forcément quand on a des émigrés dans sa famille, où qu’ils soient arrivés, l’écho marque sa trace.
L'émotion est personnelle. Pour une fois ce monument reste "sobre". Il permet de partager une histoire avec un angle plus pédagogique que sensationnel. On pouvait craindre le pire - cela a été évité.
Et puis, cette visite sur Ellis Island et sur l'île de la statue de la liberté permet de profiter d'un point de vue exceptionnel sur Manhattan.
La ville se dessine, et je suis toujours sous le charme de ses reliefs et de ses teintes.
Et non, je ne m'en lasse pas!
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Comité spécial en débarquant sur Manhattan : Spiderman est là. Ce n’est pas une attraction, pas de dollar attendu: juste pour le fun ! Peut-être un trader ravagé par la baisse de son bonus et une pénurie d’anti dépresseurs.
Je grimpe dans mon ferry, sous les bons hospices d’un évangéliste du Dimanche, très élégant et de retour de sa journée d’action pour sa paroisse.
Le reste très rapidement : une expo de photos en pre-view au Moma sur l’Ouest américain avec des clichés du XIXe et des contemporains.
Un tour au musée des comics avec une spéciale sur les watchmen.
Une virée au Century21: "the" magasin de soldes où on peut trouver une robe Ferré ou un Tshirt, des sacs griffés ou des foulards, pour hommes, femmes, enfants.Rien vu pour les animaux: étonnant...
C'est immense, et au royaume de la consommation débridée c'est un must!
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Croisé et écouté le temps de quelques morceaux, un chanteur de blues dans le metro accompagné à la guitare par un cowboy nippon impassible. Encore une de ces associations improbables.
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Et ce soir, jeudi, après une journée de pluie et de grisaille, un concert du pianiste Alexei Volodin au MET. Au programme Bach (Barrrr), Rachmaninoff, Ravel et Stravinsky. Trois rappels honorés chacun par l’interprétation d’une nouvelle pièce. J’étais venue pour ces compositeurs, et l’interprétation de Volodin m’a touchée.
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Du coup, la pluie était moins collante en sortant et le ciel plus clair. Le croirez-vous, le pretzel gras et salé et le café allongé pris sur le ferry de 23h30 étaient même délicieux.

What else ?

vendredi 20 mars 2009

So many things...


A peine 10 jours sans article et déjà la colère gronde... Hey, wait men, be cool: voici les news !
Dans l'ordre qui s'imposera au fil de l'écriture: china town a grignoté little italy mais les poissons sont frais dans ce village d'insoumis mandarins - les irlandais portent très bien la jupe et défilent à la ST Patrick - 2 comédies musicales très différentes Cabaret et Billy Elliot - les chantiers à la Fernand Léger - mon lutin de times square - rencontre avec un panda fatigué - Ca y est j'ai mon jean calvin klein - J'ai trouvé le copain évangeliste de notre hell's angel à vélo de la dernière fois - Peggy Malone était là à la St Patrick ... et les nains aussi !

Se balader à China Town, et ce qui va suivre est aussi bateau que peut l'être une jonque sur l'Hudson, mais j'assume la banalité: se balader à China town donc, est une destination en soit.
Cette partie de NYC est une enclave. Enclave ouverte, assez accueillante, et tout à fait accessible à qui connait le mandarin. C'est une partie très vivante de Manhattan, avec des commerces fréquentés, surprenants et déroutants aussi. A ce propos, si quelqu'un connait la recette des crapauds cela m'intéresse, par curiosité et ce n'est pas plus écoeurant que de s'imaginer en robe à manches ballons, en train d'embrasser leur peau gluante pour voir apparaitre un prince peut-être charmant et déjà habillé - ce que ne sont pas les crapauds, je vous l'assure! (4 causes de dépit et embarras dans cette vision - 4 dont les manches ballons).

Les bouddhas, les idoles, ont leur place naturelle dans les pharmacies, restau, fleuristes. Mc DO s'est également mis à la page des fois que ni le nom, ni le sigle ne soit reconnaissable... si ce n'est pas du market qu'est ce donc ?
Donc, China Town est à arpenter tous yeux ouverts, l'oreille affûtée sur cette langue pas toujours très mélodieuse, et les narines frémissantes prêtent à décrypter ce que l'oeil ne permet pas d'identifier. Et poc, comme dirait Kim ou Tan, donc Poc: au détour d'une rue on trouve une fève, uno fagiolo: le quartier italien ou du moins ce qu'il en reste.
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Moins vivant, moins habité. Ce sont des restaurants et pâtisseries: de quoi rassasier le touriste en mal d'europe et d'expressos, mais pas de quoi faire un quartier.

Le plus beau coin d'Italie que j'ai vu reste pour le moment dans le Bronx, St Hubert street. Certainement ma manie des marchés !
Mais, cette "fève" réserve quelques surprises quand on n'a pas envie d'être caustique - des surprises un peu désuètes et très commerçantes.

Petit tour à central park (ces petits tours au park me prennent comme ça, au milieu de la journée, comme au milieu d 'un chapitre)
Mes copains les skaters étaient là et une nouvelle Figura: un deuxième hell's angel à vélo, grand format, version évangéliste.
Ce qui est assez génial dans ces rencontres très improbables est qu'au delà de l'image qu'ils renvoient et qui déroute, certains ont l'air parfaitement bien intégrés, de travailler etc. Mais, et c'est un fameux mais, ils ont trouvé le moyen de préserver et faire germer leur grain de folie.

Je ne dirais pas la même chose de mon lutin de Times square qui lui est bien en marge. A contre courant. Mais relativement serein, vu de loin, dans sa folie douce.

Pour continuer dans le genre rencontre impromptue: le panda !
Donc c'est en fin de journée - je traîne du côté de battery park. C'est la deuxième journée depuis que je suis ici où le vent n'est pas froid, donc j'en profite pour me balader au bord de l'eau.
J'ai marché longtemps et les jambes commencent à tirer. Je suis un peu dans mes pensées.

Je vais pour traverser et en levant les yeux, je tombe sur un panda. Et le film s'enclenche...
Sa journée de travail est visiblement terminée. Il a un sac Duane Reade (vous savez maintenant: le drugstore), il a l'air fatigué au point de ne pas avoir enlevé son costume, ou au moins la tête... peut-être pas envie de se la trimbaler à la main... Cette peluche est assez touchante. J'ai l'impression de voir décuplées toutes les expressions de fin de journée que l'on trouve chez les "non" peluches. L'effet est le même que quand on voit un enfant avec un masque de fatigue et des cernes - on se dit que ce n'est pas un état normal, que la vraie posture, le vrai visage est tout autre.
Moi je traverse, je continue mon break de privilégiée. Je me retourne pour un dernier coup d'oeil et je me dis que l'effet panda reviendra ... I know it !

Le noir et blanc de ma peluche éreintée et incarnée est bien vite remplacé par une déferlante de vert.
Alors vert, Vert, comme dirait Muriel Robin.
Le vert de la verte irlande décliné sous toutes ses formes: drapeaux, boas en plumes, Tshirts, trèfles, stickers, colliers, serres-tête avec des ressorts et des machins verts au bout qui gigotent tout le temps, fanions, boutonnières en fleurs fraîches (ce fut mon choix), chapeaux, bonnets, foulards, écharpes, pins à message du type "Kiss me I'm Irish" ... vert vert vert ... .... ... vert !

Une déferlante: au moins 1 personne sur 5 dans le ferry qui porte du vert et bien plus à Manhattan vers la 5e avenue .
La St Patrick est limitée aux pubs en France. Ici c'est une énorme kermesse. Une marque d'orgueil et de fierté, d'appartenance, pour toute la population irlandaise et la fête pour tous.
On s'affiche Irlandais, on s'affiche de son pays, de sa région, de son village. Et comme l'a lâché Obama il y a quelques jours quand on lui a trouvé un branche irlandaise dans sa généalogie: cela aurait pu m'aider à Boston !

C'est un énorme défilé qui dure plusieurs heures. La 5e avenue est coupée pour presque toute la journée (imaginez la rue de rivoli plus les rues adjacentes). Chaque village, chaque congrégation a son cortège, et attend dans les rues perpendiculaires pour s'engager dans le défilé. Le cortège c'est: une bannière, des officiels, une fanfare (bagpipes et tambours), parfois des majorettes, puis suivent les "civils" de ce groupe souvent habillés pour l'occasion avec un pull irlandais, ou autre chose d'Irish. Ils sont là en famille, poussettes et chaises roulantes, chaussures de sport et escarpins, mollets toniques et cannes de marche. Et ça s'interpelle, se salue, plaisante. Des verres se boivent en riant et en musique, mais pas dans le défilé. Le rappel à l'ordre est systématique et immédiatement suivi de l'intervention d'un des nombreux policiers si la personne ne jette pas son gobelet en s'engageant sur la 5e avenue.
Je me régale finalement du son des bagpipes et des tambours, poussée par l'enthousiasme interpellatif de ma voisine de barrière. Irlandaise depuis 80 ans, elle apostrophe tous les cortèges et les félicite. Mary est une vraie Irish et NY des quartiers chics. Sacrée tempérament !

Je croise Peggy Malone en quittant Mary: autre genre, plus proche des bandes de copines en goguette croisées le WE à Dublin.
Je quitte le défilé et me dirige vers Times square. Encore du vert... et des nains qui kidnappent le chaperon rouge. Il est temps de me reposer un peu.
Je vais grignoter quelques sushis (petite overdose de hotdogs / pizza) et file voir Billy Elliot.
Lundi c'était Cabaret, mardi Billy Elliot: j'avais pris du retard dans mon programme chapitre comédies musicales.
Cabaret c'est le show tendance "burlesque", avec des numéros de danse cabaret sur une scène à l'espace limité (un peu plus que le crazy horse tout de même), et avec une troupe réduite. C'est parfait, souvent drôle, mais peut être un peu trop attendu, pas assez surprenant.
Billy Elliot c'est le show tendance "théâtre", avec des numéros de danse de troupe, des effets et des changements de décors aussi bien huilés que ce qui m'avait épaté l'an passé avec Mary Poppins. Billy Elliot c'est aussi une troupe importante avec beaucoup d'enfants. C'est une salle qui se lève dans l'enthousiasme après un numéro, et qui applaudit sans attendre, ni réserve. J'avais adoré le film, j'ai adoré la comédie musicale.
Cette soirée était géniale.
L'epilogue fut à la hauteur.
Arrivée dans le métro, sur le quai, j'entends des cornemuses. Rassurée sur le fait que ce n'était pas un acouphène, je remonte l'escalier et cherche l'origine de la musique.
Et là, une illustration de plus que tout arrive dans le métro de NY. Nous sommes donc tard dans la nuit. Deux joueurs de bagpipes en kilts jouent pour 2 blondes et un groupe de techniciens de maintenance du metro (contractor: c'est écrit dans le dos). Et puis, les gens frappent dans leurs mains pour les accompagner, certains se mettent à danser. Cela dure 20 minutes, puis on se salue, se remercie, et chacun repart chez lui, ou à son travail, un peu plus heureux qu'il y a une demie heure. Moi de même.
C'est aussi cela NYC !
On se parle mais on ne se regarde pas, on croise 100mille personnes, mais on remercie le chauffeur du bus quand on descend, on se tient les portes, on danse dans le métro ou quand la musique est bonne, et on est poussé à appeler le 311 si on constate un chantier dangereux.

Je ne résiste pas pour finir à cette petite note. NYC est une ville en continuelle reconstruction depuis la ville coloniale, jusqu'aux desastres du bronx dans les années 70 et des incendies, et forcément le 9/11.
Sur quasiment tous les chantiers une pancarte écrite en anglais et en espagnol (2e langue parlée ici), enjoint les passants à dénoncer les conditions de travail dangereuses.
Donc je lis le panneau, je lève les yeux et ... j'oublie mon portable et prends mon appareil photo.
les ouvriers sont harnachés, pour la plupart seulement !
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Voila mes très chers, une nouvelle page pas vraiment thématique mais ... sur quelques jours, et parfois sur une seule journée, ce sont des kaléidoscopes qui me reviennent.
Et je laisse de côté les odeurs, bruits, conversations surprises dans le métro ou dans la rue. Les balades dans une réserve naturelle à 2 pas de NY.
Un déjeuner dans un restaurant français incroyable, tenu par des français pas franchement new age, avec des rognons à la moutarde top, un beaujolais de Duboeuf et Dalida en fonds sonore. Un autre déjeuner gastronomique chez Jean Georges au 1 central park west et des papilles qui se redécouvrent.
Je laisse aussi les dernières expos. Pourtant, une petite exception pour celle de la neue gallery, pas loin du MET, et les tableaux de Kirchner (entre autres) qui me fascinent toujours autant.
Donc promis, je serai plus rapide pour mettre en ligne le prochain article...
Match de basket la semaine prochaine: ça vous tente ?

Enjoy!
NB: Plein d'autres photos sur facebook. Pas besoin d'avoir un compte pour les voir !
(le lien est en haut à droite)

mardi 10 mars 2009

Jazz around midnight, Funk at noon ...


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Un des aspects de ce séjour, jusqu'à maintenant, est l'écart des températures et la notion de feels like. Tous les 10 jours, il y a un écart entre 15 et 20 degrés dans un sens puis dans l'autre.
Donc, lundi 3 réveil avec 30 cm de neige, mardi 4 froid polaire -9°C feels like -19°C (et je vous assure que ça feelait bien les -19°C), et samedi ... 16°C feels like 30° si j'en crois l'ambiance à central park.
Samedi c'était le printemps avant le printemps : un jour cadeau !
Central park, le WE, c'est déjà un peu les vacances. Chacun y va pour se détendre et profiter de cet endroit magnifique, qu'il soit coureur, marcheur, skateur, pousse-poussetteur, dragueur, ou encore bencheur (squatteur de banc)... ou bien encore tout ce qu'il a envie d'être car, dans ce park encore plus qu'ailleurs, chacun peut bien faire ce qu'il lui plait, dans la tenue qui lui convient.
Le WE, moi, j'ai un "spot" que je ne manque pas. Il s'agit du rendez-vous des rollers, sur le Mall à deux pas de la fontaine Bethesda. C'est un espace libre, délimité selon l'affluence, avec dans son centre une sono qui balance de la walk-funky aussi gaie et embarquante que Maceo Parker.
Les seules constantes d'un WE à l'autre sont la musique, quelques habitués et des gens juste heureux à cet instant là.
Samedi dernier, c'était encore différent.
L'effet de ces premières chaleurs, le fait que l'on sache que ce n'est encore que provisoire (d'ailleurs 3 jours après il fait 5 et il est prévu que ça baisse encore), Samedi donc c'était la fête.
Les rollers étaient plus nombreux, des gens sans roulette sont venus les rejoindre pour danser soit avec eux, soit à côté. Des touristes, des vieux, des jeunes, des qui ont le sens du rythme et des pieds plombés, des souriants et des hilares, des habillés et des torses nus, des colorés et des diaphanes, des gens qui vous communiquent du plaisir spontanément et des gens spontanément heureux.

Il y avait ma rolleuse de plus de 60 ans avec sa chorégraphie de patineuse artistique égarée sur un dance floor.
Il y avait un géant, le torse taillé comme un goliath, un pantalon sarouel multicolors improbable, un génie échappé de je ne sais quel spotlight afro-oriental, et qui avançait comme au ralenti avec des trucs en équilibre sur la tête, et faisait rouler ses abdos en rythme ...
(j'ai pris le temps d'attendre au moins deux morceaux pour vérifier qu'il avait vraiment le sens du rythme, par pur soucis d'exactitude mal placé).
Il y avait aussi, un échappé de buena vista social club, une des vedettes locales visiblement, un grand-père à l'allure cubaine qui a dansé avec toutes les touristes de moins de 30 ans à portée de main.
Deux femmes mûres aux visages magnifiques, avec des ports de reines, qui dansaient comme des biches.
Une latino sur roulettes, incandescente qui a redonné du rouge aux joues à toute l'assistance masculine un peu pâlotte à la sortie de l'hiver.
Il y avait tant de gens, de belles expressions, de mouvements, de rires et de musiques ... comme il est difficile de le retranscrire pour vous.

Le WE prochain, il devrait faire beau ... peut être y serai-je encore sur le mall, à chaparder, à partager ces moments de légèreté souriante et dansante.
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Autres figuras :

J'ai revu avec plaisir mon grand père clouté, hell's angel sur vélo.
Un must en matière de décalage et de personnalité.
J'ai vu aussi, deux blacks arrivés en vélo, dont un très rocker des années 60, en grande discussion, ce qui était visiblement leur occupation de l'après-midi.



Et puis, je me décolle de mon spot et je continue mon chemin.
Et là, je vous assure que ce n'est
pas rien quand on a gardé en tête le central park recouvert de neige d'il y a quelques jours. Quand je continue, arrivée au lac : des barques par dizaines, cabotage et cabotinage à l'ombre des immeubles. Je vous le dis, le printemps avant le printemps !

Un pêcheur, pas de ces pêcheurs devant l'éternel (rien d'exceptionnel à en croiser un ...), mais un pêcheur avec moulinet, épuisette et petits plombs. Certainement rentré bredouille, mais certainement aussi très apaisé après cet après-midi au bord de l'eau à l'écart des promeneurs (mais sans pour autant échapper à mon oeil!).

A Cherry Hill, toujours dans central park, quelques amateurs de cerfs volants qui se donnent de la peine... vraiment.
Un gosse qui reste scotché devant ces couleurs qui volent dans le ciel.
C'est charmant. Je suis plus sur une petite sonate que sur le Maceo Parker d'il y a quelques heures.






La lumière devient rasante. Magnifiante. J'adore cette lumière de fin de journée.
Je regarde avec tendresse deux vieilles amies sur banc, deux vieux amis un peu plus loin (un d'eux vient juste de demander à une jeune fille, qui n'arrivait pas à faire arrêter son chien d'aboyer, d'aller plus loin, car "on vient au parc pour être au calme, pas pour se faire casser les oreilles" ... et notre râleur, mais courtois, de rallonger ses jambes et de continuer sa conversation).
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Et j'allais oublier! J'ai aussi croisé le fils caché de Peter Pan et d'une tortue ninja - apparition génialement puérile.

Encore un sourire.
Et des boxers, et un père qui entraîne sa fille au base ball, et ...





Mais central park, n'est pas le seul endroit où tout peut arriver.
Le metro aussi réserve de beaux "flashs".
Il est tard, un autre jour, et en jetant un oeil sur le quai d'en face j'aperçois un homme avec une guitare et une allure qui retient mon regard.
Je le suis des yeux, et finalement avance sur le quai pour ne pas le perdre de vue.
Il rejoint deux autres collègues.
Je leur souris de l'autre côté des rails, leur montre l'appareil et leur demande par geste si ils sont OK pour une photo. En signe d'accord, ils prennent tous les 3 la pause, magnifiques. Ils attendent que je regarde le résultat. Je dois recommencer deux fois car, avec cet éclairage, les photos sont floues. On échange par geste. La dernière que semble aller. Je fais le signe de la main, avec le pouce, pour dire que c'est bon. Ils me font un accord de guitare à trois, un signe d'au revoir de la main, et leur métro arrive. Des moments comme cela sont presque irréels, paraissent imaginaires... ma photo, finalement encore un peu ratée, me rassure sur ma capacité à faire la part des choses !


Que vous raconter d'autre ...

Vous dire qu'il y a parfois des rues qui avec les effets de couleurs et les décrochages de hauteur vous font penser à des villes toscanes, à Sienne par exemple, revisitée par Buffet.
Vous donner à voir que les heros du feu ont aussi leur pause bavardage entre collègue.
Qu'il y a des murs publicitaires peints, encore là par hasard, magnifiques.
Vous faire entendre la chanson entonnée à tue-tête (que cette expression a du sens!), par un tout petit homme échappé d'un bar plus surement qu'il ne le serait d'un conte fantastique, mais il en a l'allure.

Vous faire sentir le regard affectueux, la tendresse, que vous ne pouvez pas ne pas avoir en voyant, à la sortie du ferry, côté manhattan, un homme qui donne à manger aux mouettes.
Vous sentez pourtant, à quelques signes légers, qu'il n'a peut-être pas, à cette heure de la journée, de garantie de manger lui-même le soir.
Mais, pour vous comme pour lui, maintenant, c'est le roi des oiseaux.



Et puis le soir, se retrouver avec des amis dans une boite de jazz, le Smoke.
Petite, craquelée et vermillonne. Le soir venu donc, partir dans les lignes et les courbes des impros, gouter les couleurs de chaque set, être absorbée. La soirée est construite autour d'un hommage à Miles Davis. Les musiciens sont exceptionnels. Jimmy Cobb, son batteur, Eddy Henderson à la trompette, aux sax Vincent Herrin et Javon Jackson (que j'ai adoré, fin, smooth), Larry Willis au piano et John Weber à la contrebasse. Je suis amateur, pas connaisseuse. Mais ces quelques noms parleront certainement à certains. Pour les autres, comme moi: ces 6 musiciens étaient superbes, avec cette capacité des jazzmen d'être en parfaite harmonie ensemble et de chacun, séparément, donner à leur set une couleur et une distinction très personnelle. Ils étaient visiblement heureux, brillants, cools, détendus. La musique était limpide, lumineuse. A la fin du set, la salle est petite, vous les croisez forcément au comptoir.

Voila, je pourrais aussi vous dire que je suis bloquée depuis 2 jours à Staten, la hanche gauche en rebellion, que j'enrage, mais que finalement cet article m'a permis aussi de profiter à nouveau, de regouter à ces moments... aujourd'hui je peux marcher sans trop de grimaces: demain sera forcément mieux!
Enjoy man, good job!