J

Cette fois c'est la bonne, j’y suis … au seuil !
Pour cause de grèves je m’y suis prise un peu plus tôt et comme j’ai eu un taxi tout de suite, et comme il n’y a eu aucun embouteillage, et comme les formalités d’enregistrements se sont passées nickel, et comme l’entrée en zone d’embarquement a été rapide ….

Voila comment, faute à trop de chances, je me retrouve à attendre 2 heures.

Et comme la chance est généreuse, la connexion Wifi de mon ordi fonctionne dans ce lieu de detaxe et d’oisiveté : je m’abstiens donc de shopping et je pianote !

C’est une belle journée, la promesse d’un de ces « perfect days » après lesquels on court. En effet, que penser d’une journée que l’on démarre en offrant une bouteille de champagne à sa gardienne sur fonds de serments de retour extorqués, et que l’on continue en discutant avec un chauffeur de taxi chinois qui, au détour d’une conversation « ah la crise ce n’est que le début », éclate quasi de rire en racontant qu’à Shangai, les personnes âgées se défenestrent à tout va après avoir perdu en bourse ce qu’elles avaient emprunté à la banque: qu’en penser ?

Et bien pour moi, cette journée qui commence (à jeun, clean : juré !) avec des images hallucinatoires de ballets aériens seniors synchronisés, sur fonds de dollars virevoltants et de créanciers hurlants : je dis qu’une journée comme celle-là, est la promesse d’un perfect day !

Et j’ajoute même qu’un sommeil réparateur pendant la durée du vol sera la promesse de formalités d’entrée réussies sur le territoire US, sans passage par la case psychiatric.

Sur ce, je vais prendre un thé, et tout de même acheter quelques revues et autres bricoles.
The next message will be an american one, with plein de fautes, I don’t care … but, because of this large “gauloise” audience, finally I will have the politeness to write it in French : cé leu bêlllvi !

J-1 : "so what ?"

Demain, jour du départ. Pour garder une dernière image "so french !" ce sont les grèves générales... 90% des vols sur Roissy et RER en vrac; avec un peu de chance le plantage au sol sera pour les autres. Je préfère garder dans l'oeil et l'oreille les chants, les chaloupages et mollets galbés du dimanche matin quand je fais mon marché à Mouffetard: "so parisian !". La valise n'est toujours pas commencée, ce sera pour cette nuit. Comme toujours, le plus tard possible, et comme toujours les questions "so girly !" : est ce que je prends le pull noir comme-ci, le pull noir comme-ça ou le pull noir qui me va si bien? comment caser la trousse de toilette? quels livres prendre, lesquels laisser? et, last but not least, les "so topical !" où sont les chargeurs de téléphones, ordinateur, ipod, appareils photos ?

Neanmoins, le principal est fait "so organized !": courrier réexpédié, gardienne prévenue, factures payées, frigo vidé, mots de passe écrits, musique chargée, médocs de base sous la main, et cordon coupé. Les amis sont rassurés et tendres "so cute !", la famille toujours attentionnée "so sweet !". Of course, quelques rendez-vous loupés, à reporter en mai-fais-ce-qu'il-te-plaît, sait-on jamais, "so miserable !" (copyright & private "joke").

Donc, l'esprit dégagé et l'horizon ouvert "so free !" je suis maintenant autoproclamée en vacance(s). Les nerfs ont quand même (enfin!) fini par lâcher et question détente cela équivaut à une semaine de thalasso : question ridicule également les déambulations humides en peignoir et claquettes, vallent bien les spasmes lacrymaux nocturnes "so stupid !".

Donc demain, c'est l'oeil rincé mais cerné (pour cause de paquetage insomniaque), que je partirai vers l'aéroport, le pas alerte mais fébrile (pour cause de grèves), et qu'avec un peu de chance je grimperai dans l'avion et qu'enfin ... les genoux endoloris (pour cause de air france ce n'est plus ce que c'était) et partageant une intimité pas très (business) classe avec mes voisins, c'est donc enfin ... demain... à ce moment là... précisément ... que, dans mon fort intérieur, dans mon MOI (in my ME), je passerai au reste : "so lucky indeed !!"
Cross the fingers 4 me !

J-3

Derniers préparatifs.

L'essentiel est posé, les détails s'agitent, bouillonnent, brouillonnent! J-1 sera bien assez tôt pour boucler la valise et s'interroger sur son contenu.
En attendant, voir les amis, profiter de Paris, prendre la mesure de ce dont on s'éloigne, même peu de temps.

Et se projeter. Tromper la crainte des mots qui ne viendront pas facilement, des conversations laborieuses, du sens qui échappe. Tenter la lecture de poèmes en anglais. Se dire que ça ne va pas être simple. En retenir un ... et, finalement déjà partir !

For one brief golden moment rare like wine,

The gracious city swept across the line;

Oblivious of the color of my skin,

Forgetting that I was an alien guest,

She bent to me, my hostile heart to win,

Caught me in passion to her pillowy breast.

The great, proud city, seized with a strange love,

Bowed down for one flame hour my pride to prove.
(The City's love - Claude McKay)